ROMAIN GARY ET SON AMOUR IMPOSSIBLE, ILONA GESMAY.

Romain Gary, né Roman Kacew le 21 mai 1914, à Vilna dans l'Empire russe et mort le 2 décembre 1980 à Paris, est un aviateur, militaire, résistant, diplomate, romancier, scénariste et réalisateur français.Important écrivain français de la seconde moitié du XXe siècle, il est également connu pour la mystification littéraire qui le conduisit, dans les années 1970 à signer plusieurs romans sous le nom d'emprunt d'Émile Ajar, en les faisant passer pour l'œuvre d'un tiers. Il est ainsi le seul romancier à avoir reçu le prix Goncourt, à deux reprises, le second prix étant attribué à ce pseudonyme. 

Roman et ses parents sont de nationalité russe, puis deviennent polonais lorsque Wilno et sa région sont intégrées à la Pologne rétablie après la Première Guerre mondiale. Durant cette guerre, son père est mobilisé dans l'armée russe, alors que Roman est encore un très jeune enfant. Mina et Roman quittent Vilnius pour la Lituanie où ils passent quelques mois, puis une mesure générale d expulsion des juifs de la zone du front les oblige à passer plusieurs années en Russie proprement dit. 

Le père de Roman quitte le foyer en 1925 pour aller vivre avec une autre femme et se remarie aussitôt avec sa nouvelle compagne. Roman est ensuite élevé par sa mère, qu'il présentera comme une actrice de théâtre. Roman semble avoir été scolarisé dans un collège polonais où il est en butte à un antisémitisme au moins verbal. Il suit aussi des cours particuliers de français. 

En août 1928, ils obtiennent un visa touristique pour la France. Francophile passionnée, sa mère émigre à Mentonb, le 23 août puis à Nice où elle tient une pension en rêvant pour son fils d'un destin fabuleux: on reconnaît le beau thème de La Promesse de l'aube, à propos duquel sa biographe écrit que, «pour Romain, aimer sa mère, c'était l'inventer». 

 A Nice, se trouvent déjà son frère Eliasz et sa famille et le 1er octobre, Roman commence une nouvelle année scolaire auLycée Masséna, directement intégré en classe de 4e. Mina fait ensuite les démarches pour obtenir une autorisation de séjour, laquelle est accordée mais sous réserve qu'elle n'occupe aucun emploi. 

En fait, elle est obligée de gagner sa vie, vendant d’abord « au noir » des articles de luxe dans les grands hôtels de Nice ou de Cannes, puis s'occupant de vente immobilière ; un de ses clients lui confie finalement la direction d'un petit hôtel, la pension Mermonts, au 7 du boulevard Carlone (actuel boulevard François-Grosso)
.
Utilisant désormais son prénom francisé (Romain), son fils se distingue au lycée en français, obtenant en 1929 le premier prix de récitation et en 1931 et 1932 celui de composition française, mais dans les autres matières, excepté l'allemand qu'il parle et écrit très correctement, il est médiocre.

Après avoir commencé des études de droit à Aix-en-Provence en octobre 1933, Roman Kacew part l'année suivante les poursuivre à Paris, probablement grâce à l'aide financière que lui apporte son père à l'occasion de leur rencontre à Varsovie durant l'été 1934. Il obtient une licence de droit en juillet 1938, tout en suivant parallèlement une Préparation militaire supérieure au Fort de Montrouge. 

C'est à cette époque qu'il publie ses premières nouvelles dans Gringoire, un hebdomadaire qui n'est pas au départ orienté à l'extrême droite. Le périodique publie sa première nouvelle L’Orage le 15 février 1935, ce qui lui permet de ne plus dépendre financièrement de sa mère qui, minée par un diabète insulinodépendant, s'est usée à la tâche pour préparer l'avenir de son fils. Gary renonce aux généreuses rétributions quand le journal affiche des idées fascistes et antisémites, écrivant à la rédaction une lettre pour dire en substance : « je ne mange pas de ce pain-là ». En 1937, plusieurs éditeurs refusent son premier roman, Le vin des morts. 


En juillet 1937, il rencontre Christel Söderlund, journaliste suédoise avec qui il entretient un passion dévorante mais de courte durée. En effet, épouse et mère de famille, elle le quitte et retourne en Suède. 












Lettre de Romain Gary à Christel 

Naturalisé français en juillet 1935, Gary est incorporé le4 novembre 1938 dans l'Armée de l'air à la base aérienne de Salon de Provence. À l'issue d'une formation d'élève officier de réserve de trois mois à l'école d'observation d'Avord, près de Bourges, il passe l'examen de sortie en mars 1939 et est l'un des deux élèves-observateurs de la promotion à échouer, parmi les 290. Le seul grade qui lui soit accordé, contrairement semble t-il à tous les usages, est celui de caporal.Cet échec est probablement une mesure de discrimination à cause de sa naturalisation trop récente. Il est nommé mitrailleur, puis doit se contenter du grade de sergent.

Romain Gary  (2° à gauche) au Cap Ferrat en 1939

 

Lorsque la guerre éclate en septembre 1939, Gary est mobilisé en tant qu'instructeur de tir à l'école des observateurs de Bordeaux-Mérignac où la base aérienne d'Avord s'est repliée

Fervent admirateur du général de Gaulle, il ne va pas directement à Londres. Le 20 juin 1940, il rejoint en avion Alger, puis le Maroc. Un cargo britannique, l'Oakrest, l'emmène à Glasgow, où il débarque le . Il s'engage aussitôt dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL). Adjudant en septembre 1940, il sert au Moyen-Orient, en Lybie, à Koufra en février 1941, en Abyssinie puis en Syrie où il contracte le typhus, passant six mois sur un lit d'hôpital. Après sa convalescence, il rejoint l'escadrille de surveillance côtière en Palestine et se distingue dans l'attaque d'un sous-marin italien.

Il est breveté officier observateur en avril 1941, promu lieutenant le 15 décembre 1942.
En février 1943, il est rattaché en Grande-Bretagne au Groupe de bombardement Lorraine. Il est affecté à la destruction des bases de lancement des missiles V1. C'est durant cette période que Romain Kacew choisit le nom de Gary — signifiant en russe « brûle ! » à l'impératif — qui sera retenu par l'état-civil à partir de 1951 : « Romain Gary » devient son nom francisé à l'état civil français en octobre de cette année.

Sa mère meurt le Romain Gary, qui connaissait l'état de santé de sa mère, a rapidement été averti « par un télégramme très brutal » du décès de celle-ci, veillée par ses amis de jeunesse Sylvia Stave et René Agid — auxquels La Promesse de l'Aube est dédié — et sans avoir rédigé la moindre lettre
.
En tant qu'observateur, il remplace Pierre Mendès France dans l'équipage du sous-lieutenant Arnaud Langer. Le lieutenant Gary se distingue particulièrement le alors qu'il se trouve dans l'avion de tête d'une formation de six appareils. Il est blessé, et le pilote Arnaud Langer est aveuglé, mais Gary guide ce dernier, le dirige, réussit le bombardement, et ramène l'avion à sa base. Cette version est contestée par le radio, René Bauden, qui relate que la blessure reçue par l'observateur, Romain Gary, ne lui aurait pas permis de ramener l'appareil à sa base, ayant causé son évanouissement.
Il effectue sur le front de l'Ouest plus de vingt-cinq missions, totalisant plus de soixante-cinq heures de vol de guerre. Il est fait compagnon de la Libération et nommé capitaine en mars 1945, à la fin de la guerre.
 
Après la fin des hostilités, Romain Gary entame une carrière de diplomate au service de la France, en considération des services rendus pour sa libération. À ce titre, il séjourne en Bulgarie (1946-1947), à Paris (1948-1949), en Suisse (1950-1951), àNew-York (1951-1954) — à la Mission permanente de la France auprès des Nations unies, où il côtoie régulièrement le jésuite Teilhard de Chardin dont la personnalité le marque profondément et lui inspire notamment le personnage du père Tassin dans Les Racines du ciel —, à Londres (1955), puis en qualité deconsul général de France à Los Angeles de (1956-1960). De retour à Paris, il demeure sans affectation jusqu'à sa mise en disponibilité du ministère des Affaires étrangères en 1961. 

Dans un recueil de confidences sous la forme d'entretiens livrés à la radio en 1980, Romain Gary faisait cette déclaration : « La seule chose qui m'intéresse, c'est la femme, je ne dis pas les femmes, attention, je dis la femme, la féminité ». Parmi les amours de jeunesse de Roman Kacew, on peut donc citer Christel Söderlund. 

Il tombe ensuite amoureux d'Ilona Gesmay, une jeune juive hongroise de quatre ans son aînée, qui inspirera l'auteur de La Promesse de l'aube, de La nuit sera calme et d'Europa. Sa famille lui ayant coupé les vivres, elle décide de rentrer à Budapest en mars 1940 ; échappant à la Shoha, elle survivra à la guerre, mais va sombrer rapidement dans la schizophrénie et ne reverra jamais Romain, ce qu'il racontera dans la nouvelle À bout de souffle. Il dit d'elle qu'elle est la seule femme qu'il ait jamais aimée et qu'il admirait ses yeux « gris angora ». Romain Gary décrit également dans cette nouvelle les lettres, toujours la même en fait, qu'il commence à recevoir d'elle à partir de 1953. Lui répondant, mais recevant toujours la même réponse, il apprendra qu'elle est enfermée dans un hôpital psychiatrique en Belgique et qu'elle écrit inlassablement la même lettre pendant les quelques dizaines de minutes de lucidité qu'elle a par jour. Les lettres qu'il envoie à Ilona sont interceptées par les médecins qui ne souhaitent pas provoquer un choc à la jeune femme. La sœur de cette dernière expliquera à Romain Gary qu'Ilona lorsqu'elle est lucide demande toujours des nouvelles de « son Romain ».

«Son seul grand amour fut en réalité Ilona Gesmay. Soixante ans après leur histoire, je l'ai vu sangloter en l'évoquant.» résume de lui Myriam Anissimov, avec qui il s'était lié d'amitié en 1977 et qui lui a consacré une biographie de référence.


Romain Gary et Jean Seberg (source : ca Radio Canada) 



"Nous avions besoin d'oubli, tous les deux, de gîte d'étape avant d'aller porter plus loin nos bagages de néant. Deux êtres en déroute qui s'épaulent de leur solitude."


En avril 1945, Roman Kacew épouse la femme de lettres britannique Lesley Blanch rencontrée l'année précédente, mais l'amour d'Ilona continue à le hanter. En 1959, il fait la connaissance de l’actrice américaine Jean Seberg dont il tombe amoureux et avec qui il entame une liaison. En 1963, il divorce pour se marier avec Jean Seberg. Leur fils, Alexandre Diego Gary, est né en 1962 mais Romain, grâce à ses relations, réussit à faire établir un acte de naissance datant de 1963 pour sauvegarder les apparences. Un acte de mariage secret est retrouvé dans les années 2010 en Corse, entre lui et l'actrice, ainsi qu'un témoin photographe de l'époque. Entre 1964 et 1970, Romain Gary se rend souvent à Majorque, où il possède une villa, près d'Andratx.

Il tournera ses deux films avec Jean Seberg comme actrice principale, dont Police Magnum (titre original Kill!), en 1971, en Espagne. En 1968, lorsque Romain Gary apprend la romance entre sa femme et Clint Eastwood pendant le tournage de La Kermesse de l'Ouest, il prend l'avion et provoque l'acteur en duel à revolver mais le « cow-boy américain » se défile. Ils se séparent et divorcent en 1970. Il rencontre en 1978 Leïla Chellabi, danseuse puis mannequin, animatrice de radio et parolière. Elle sera sa dernière compagne et son ayant droit. 

Romain Gary se suicide le

. Le , sa dernière compagne Leïla Chellabi disperse ses cendres, selon son vœu, en mer Méditerranée au large de Menton.





"Le patriotisme c'est l'amour des siens, le nationalisme c'est haïr les autres."

Romain Gary 

"Tu sais, quand je te dis que je t’aime, il ne s’agit même pas d’amour. Je te parle d’impossibilité de respirer autrement."

Romain Gary 

 
















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