BENJAMIN CONSTANT ET MADAME DE STAEL

 

 


 

Benjamin Constant de Rebecque, né à Lausanne le 25 octobre 1767 et mort à Paris le 8 décembre 1830, inhumé au cimetière du Père-Lachaise, est un romancier, homme politique, et intellectuel français d'origine vaudoise.

Suivant son père constamment en voyage, il achève ses études à l'université de Nuremberg en Bavière (1782), puis en Écosse à l'université d'Édimbourg (1783). Il passe la plus grande partie de sa vie en France, en Suisse et en Grande-Bretagne. En 1787, il rencontre à Paris Mme de Charrière, avec laquelle il entame une liaison et une longue correspondance. Son père l'attache en comme chambellan à la cour de Brunswick, où il épouse le Johanne Wilhelmine Luise, dite Minna, baronne de Cramm (1758-1825) et dame d'honneur de la duchesse de Brunswick Augusta de Hanovre, puis devient conseiller de légation. 

Le , il rencontre Charlotte de Hardenberg (1769-1845), fille d'un conseiller de légation et nièce de Hardenberg, mariée depuis 1787 à Wilhelm Albrecht Christian, baron de Mahrenholz (1752-1808), avec laquelle il se lie d'amitié. Charlotte divorce, tandis que les Constant se séparent fin , avant d'engager en une procédure de divorce, lequel est prononcé le avec le vicomte Alexandre-Maximilien du Tertre (1774-1851), un émigré français dont elle divorce en . Le , Benjamin et Charlotte se marient en secret. Charlotte reste l'épouse de Benjamin jusqu'à la mort de celui-ci en 1830, et meurt elle-même en .
De 1794 à 1810, il entretient une liaison fameuse avec Germaine de Staël. La paternité de la fille de cette dernière, Albertine, lui est probablement attribuée. La richesse de leurs échanges intellectuels au sein du Groupe de Coppet en fait l'un des couples les plus en vue de leur époque. Il échange une longue correspondance avec sa cousine Rosalie, pour qui il a beaucoup d'affection. Il est très actif dans la vie publique durant la deuxième moitié de la Révolution française puis sous la Restauration française.  


Quittant la Suisse, Benjamin Constant arrive à Paris avec Mme de Staël le , peu après la journée de prairial, et fait ses débuts politiques. Il commence par publier un violent réquisitoire contre le projet de décret des deux-tiers, avant de faire volte-face, un mois plus tard, et d'appeler, sous l'influence de Jean-Baptiste Louvet de Couvray, avec lequel il s'est lié d'amitié, au soutien de la constitution de l'an III et des conventionnels qui l'ont enfantée. Il publie les « Lettres à un député de la Convention » dans les Nouvelles politiques, nationales et étrangères de Suard (24-). Le , le Comité de salut public exilant Mme de Staël, il la suit dans sa propriété de Coppet sur les rives du lac Léman, en Suisse
.
Il se fait naturaliser français grâce à une loi du déclarant Français les descendants de familles expatriées pour cause de religion (les protestants en l'occurrence), à condition qu'ils s'installent en France. Puis,  il s'émancipe de la tutelle et du salon de Mme de Staël et se lie avec Paul Barras, s'engageant en faveur de la politique directoriale.

Rallié à l'Empire, il est nommé au Conseil d'État () et participe à la rédaction de l'Acte additionnel (). Il formule sa théorie du régime parlementaire dans Principes de politique applicables à tous les gouvernements représentatifs ().
Après la seconde abdication de Napoléon, il se réfugie à Bruxelles (), puis en Angleterre (), bien que sa condamnation à l'exil, prononcée le , ait été révoquée par le Roi le 24 juillet suivant, et y publie Adolphe

Benjamin Constant reprend la route de Paris le , à la suite de la dissolution de la Chambre des députés des départements, le 10.

 
Dès 1817, Constant aspire à compléter son activité journalistique par un mandat électif ; mais sa personnalité, son passé ainsi que ses livres et ses articles lui suscitent de tenaces inimitiés auprès du gouvernement et des royalistes. Conscient que l’épisode des Cent-Jours lui a valu autant d’incompréhensions que d’ennemis, Constant ressent le besoin de se justifier, et il fait alors paraître les Mémoires sur les Cent-Jours ; de même cherche-t-il à faire valoir l’immutabilité de ses opinions libérales en publiant un recueil de ses textes, le Cours de politique constitutionnelle. Cela ne suffit pas immédiatement à lui valoir une élection : battu une première fois à Paris en 1817, Constant est encore vaincu de quelques voix l’année suivante lorsque le ministère lui fait obstacle en lui opposant le grand industriel Ternaux, pourtant lui-même plus proche des libéraux que de la majorité ministérielle. 

Lors d’une élection complémentaire au printemps 1819, Constant est finalement élu le par la Sarthe (667 voix sur 1 051 votants et 1 490 inscrits), dont la délégation au Palais Bourbon comprend déjà le général La Fayette. Constant monte pour la première fois à la tribune le  ; tout au long de son mandat, Constant essaie d’orienter dans un sens plus libéral la marche du ministère, sans grand succès puisque le centre (ministériel), la droite et les ultras sont toujours majoritaires au cours de cette législature.

Chef de file de l'opposition libérale de gauche (connue sous le nom des « Indépendants »), il est l'un des orateurs les plus éloquents de la Chambre des députés. Passé sans enthousiasme dans l'opposition dynastique après les ordonnances de juillet, il contribue à l'avènement de Louis-Philippe, qui le soulage de ses soucis financiers en lui faisant un don de 300 000 francs, tout en protestant que « la liberté passe avant la reconnaissance ». Le , après l'abdication de Charles X, le 2 août, il est nommé président d'une section au Conseil d'État. Réélu le avec 208 voix sur 237 votants et 279 inscrits, il prononce son dernier discours à la Chambre le 19 novembre.


Malade, il décède le à 17h au bain Tivoli. Des funérailles nationales lui sont organisées le  ; entre cent et cent cinquante mille personnes suivent le convoi funèbre, ce qui en fait l'un des cortèges les plus importants de la Restauration et du début de la monarchie de Juillet en l’honneur d’un homme politique. Au cours de la cérémonie, des jeunes gens veulent porter son cercueil au Panthéon, mais ils en sont empêchés.


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