ALEXANDRE DUMAS FILS ET MARIE DUPLESSIS, LA TRAVIATA

 

 
 
Alexandre Dumas fils est né le 27 juillet 1824 à Paris et est mort le 27 novembre 1895 à Marly-le-Roi. Il est un romancier et dramaturge français. Il est connu principalement pour son roman La Dame aux camélias, ainsi que pour ses deux pièces de théâtre Le Fils naturel et Un père prodigue.

Il est le fils d’Alexandre Dumas et de sa voisine de palier Catherine Laure Labay. En 1833, il est placé en pension. Il fut déclaré enfant naturel, de père et de mère inconnus. Son père le reconnut en mars 1831, alors qu’il est âgé de sept ans. Il garda toute sa vie un profond ressentiment envers lui, lequel se manifesta dans ses œuvres, marquées par le thème de la désagrégation de la famille et inspirées par un certain moralisme et une certaine ténacité. Il parviendra tout de même à surmonter sa détresse.

Élève au collège royal de Bourbon, il abandonne ses études après un échec au baccalauréat, et devient un des jeunes dandys les plus en vue de l'époque, menant une vie parisienne tapageuse grâce aux subsides donnés par son père.  

Il vit une histoire d'amour fiévreuse entre et avec la demi-mondaine Marie Duplessis, qui lui inspire l'écriture du roman La Dame aux camélias, écrit en 1848 quelques mois après la mort de la jeune femme. S'installant à Saint-Germain-en-Laye, à l'Auberge du Cheval Blanc, il achève l'œuvre en trois semaines. Le très grand succès du livre le détourne de la vie mondaine et lui ouvre une carrière littéraire. La Dame aux camélias sera adapté pour l'opéra dès 1853 par Verdi sous le titre de La Traviata, puis servira de base à un grand nombres d'œuvres théâtrales, cinématographiques, télévisuelles, chorégraphiques, etc., jusqu'à aujourd'hui. 

Marie Duplessis fut une paysanne normande presque illettrée à l’enfance tourmentée, son père, un colporteur alcoolique du nom de Marin Plessis, bat sa mère, qui meurt lorsqu’Alphonsine a 7 ans. Marin abandonne sa fille formellement un an plus tard, la laissant survivre chez des parents charitables. Elle est blanchisseuse apprentie. Lorsqu’elle a 14 ans, son père refait surface et la vend à un homme septuagénaire avec la réputation détestable de débaucheur. Puis, Marin l’emmène à Paris – où, selon l’une des légendes, il la “perd”, la laissant se débrouiller seule dans une métropole hostile. Devenue la demi-mondaine elle mit Paris à ses pieds en un an à peine, avant de s’éteindre de tuberculose à 23 ans.

Alexandre Dumas-fils entretient donc avec elle une relation amoureuse durant un an, qu’il finit par rompre, n’ayant pas les moyens de l’entretenir.

Admirateur de George Sand, qu’il appelait sa « chère maman », il fera de nombreux séjours dans sa propriété de Nohant et adaptera pour la scène son roman Le Marquis de Villemer.

Il a une relation peu facile avec l'actrice Marie Delaporte interprète de plusieurs de ses pièces. Cette relation platonique cessera avec le départ de Marie Delaporte pour la Russie, en octobre 1868 ; puis, il a une liaison, désapprouvée par la société bien pensante, avec la princesse Narychkine, née Nadejda von Knorring (1826-1895) (dite Nadine) dont il a une fille née hors mariage : Marie-Alexandrine-Henriette (1860-1907) (dite Colette) reconnue en 1864 ; et une fille après leur mariage : Olga-Marie-Jeanne, dite Jeannine (1867-1943), future épouse du polytechnicien Ernest Lecourt d'Hauterive (1864-1957). Alexandre et Nadine ne se marient que le , après la mort du prince Narychkine survenue en mai. 

Alexandre Dumas fils a souvent été raillé de fait de son engagement pour l’émancipation des femmes qu’il exprima au fil de son oeuvre et dans La question de la femme, un ouvrage interdit au colportage en 1873.

Très marqué par son enfance douloureuse, il se fera le porte parole des causes singulières et dénoncera les faits de société choquants. C’est pourquoi il fut catalogué comme auteur à scandale.
Il fut élu à l’Académie française en 1874. Il meurt le 27 novembre 1895 dans sa propriété des Yvelines et il fut inhumé au cimetière de Montmartre à Paris.
 


"Je regardais toutes ces choses dont chacune me représentait une prostitution de la pauvre fille, et je me disais que Dieu avait été clément pour elle, puisqu’il n’avait pas permis qu’elle en arrivât au châtiment ordinaire, et qu’il l’avait laissée mourir dans son luxe et sa beauté, avant la vieillesse, cette première mort des courtisanes." (...) extrait de la page 3 du 1er chapitre de la Dame aux Camélias.


"À cette époque, je revenais de voyage. Il était assez naturel que l’on ne m’eût pas appris la mort de Marguerite comme une de ces grandes nouvelles que ses amis apprennent toujours à celui qui revient dans la capitale des nouvelles. Marguerite était jolie, mais autant la vie recherchée de ces femmes fait de bruit, autant leur mort en fait peu. Ce sont de ces soleils qui se couchent comme ils se sont levés, sans éclat. Leur mort, quand elles meurent jeunes, est apprise de tous leurs amants en même temps, car à Paris presque tous les amants d’une fille connue vivent en intimité. Quelques souvenirs s’échangent à son sujet, et la vie des uns et des autres continue sans que cet incident la trouble même d’une larme." (...) extrait de la page 1 du 2ème chapitre de la Dame aux Camélias.

"On n’avait jamais vu à Marguerite d’autres fleurs que des camélias. Aussi chez Mme Barjon, sa fleuriste, avait-on fini par la surnommer la Dame aux Camélias, et ce surnom lui était resté." (...) extrait du 2ème chapitre de la Dame aux Camélias.


"Ne méprisons pas la femme qui n’est ni mère, ni fille, ni épouse. Ne réduisons pas l’estime à la famille, l’indulgence à l’égoïsme. Puisque le ciel est plus en joie pour le repentir d’un pécheur que pour cent justes qui n’ont jamais péché, essayons de réjouir le ciel. Il peut nous le rendre avec usure. Laissons sur notre chemin l’aumône de notre pardon à ceux que les désirs terrestres ont perdus, que sauvera peut-être une espérance divine, et, comme disent les bonnes vieilles femmes quand elles conseillent un remède de leur façon, si cela ne fait pas de bien, cela ne peut pas faire de mal." (...) extrait du 3ème chapitre de la Dame aux Camélias.

"Cependant, continua Armand après une pause, tout en comprenant que j’étais encore amoureux, je me sentais plus fort qu’autrefois, et dans mon désir de me retrouver avec Marguerite, il y avait aussi la volonté de lui faire voir que je lui étais devenu supérieur.
Que de routes prend et que de raisons se donne le cœur pour en arriver à ce qu’il veut !" (...) extrait du 8ème chapitre de la Dame aux Camélias.



"Enfin, soit nature, soit conséquence de son état maladif ; il passait de temps en temps dans les yeux de cette femme des éclairs de désirs dont l’expansion eût été une révélation du Ciel pour celui qu’elle eût aimé. Mais ceux qui avaient aimé Marguerite ne se comptaient plus, et ceux qu’elle avait aimés ne se comptaient pas encore.
Bref, on reconnaissait dans cette fille la vierge qu’un rien avait faite courtisane, et la courtisane dont un rien eût fait la vierge la plus amoureuse et la plus pure. Il y avait encore chez Marguerite de la fierté et de l’indépendance : deux sentiments qui, blessés, sont capables de faire ce que fait la pudeur. Je ne disais rien, mon âme semblait être passée toute dans mon cœur et mon cœur dans mes yeux." (...) extrait du 9ème chapitre de la Dame aux Camélias.


"Il est vrai qu’il y a des incidents d’une minute qui font plus qu’une cour d’une année.
De ceux qui se trouvaient au souper, j’étais le seul qui se fût inquiété en la voyant quitter la table. Je l’avais suivie, j’avais été ému à ne pouvoir le cacher. J’avais pleuré en lui baisant la main. Cette circonstance, réunie à mes visites quotidiennes pendant les deux mois de sa maladie, avait pu lui faire voir en moi un autre homme que ceux connus jusqu’alors, et peut-être s’était-elle dit qu’elle pouvait bien faire pour un amour exprimé de cette façon ce qu’elle avait fait tant de fois, que cela n’avait déjà plus de conséquence pour elle." (...) extrait du 11ème chapitre de la Dame aux Camélias.
"Or, j’étais amoureux de Marguerite, j’allais l’avoir, je ne pouvais rien lui demander de plus. Cependant, je vous le répète, quoique ce fût une fille entretenue, je m’étais tellement, peut-être pour la poétiser, fait de cet amour un amour sans espoir, que plus le moment approchait où je n’aurais même plus besoin d’espérer, plus je doutais.
Je ne fermai pas les yeux de la nuit.
Je ne me reconnaissais pas. J’étais à moitié fou. Tantôt je ne me trouvais ni assez beau, ni assez riche, ni assez élégant pour posséder une pareille femme, tantôt je me sentais plein de vanité à l’idée de cette possession : puis je me mettais à craindre que Marguerite n’eût pour moi qu’un caprice de quelques jours, et, pressentant un malheur dans une rupture prompte, je ferais peut-être mieux, me disais-je, de ne pas aller le soir chez elle, et de partir en lui écrivant mes craintes. De là, je passais à des espérances sans limites, à une confiance sans bornes.
Je faisais des rêves d’avenir incroyables ; je me disais que cette fille me devrait sa guérison physique et morale, que je passerais toute ma vie avec elle, et que son amour me rendrait plus heureux que les plus virginales amours." (...) extrait du 11ème chapitre de la Dame aux Camélias.

"Être aimé d’une jeune fille chaste, lui révéler le premier cet étrange mystère de l’amour, certes, c’est une grande félicité, mais c’est la chose du monde la plus simple.
S’emparer d’un cœur qui n’a pas l’habitude des attaques, c’est entrer dans une ville ouverte et sans garnison." (...) extrait du 12ème chapitre de la Dame aux Camélias.

"Souvent une femme prend un amant pour obéir à la seule volonté de ses sens, et apprend sans s’y être attendue le mystère de l’amour immatériel et ne vit plus que par son cœur, souvent une jeune fille, ne cherchant dans le mariage que la réunion de deux affections pures, reçoit cette soudaine révélation de l’amour physique, cette énergique conclusion des plus chastes impressions de l’âme.Je m’endormis au milieu de ces pensées." (...) extrait du 12ème chapitre de la Dame aux Camélias.

"Charme, douceur, expansion, Marguerite avait tout, et j’étais bien forcé de temps en temps de reconnaître que je n’avais pas le droit de lui demander autre chose ; que bien des gens seraient heureux à ma place, et que, comme le berger de Virgile, je n’avais qu’à jouir des loisirs qu’un dieu ou plutôt qu’une déesse me faisait". (...)  extrait du 13ème chapitre de la Dame aux Camélias.

"Les nuits que je ne passais pas rue d’Antin, si je les avais passées seul chez moi, je n’aurais pas dormi.
La jalousie m’eût tenu éveillé et m’eût brûlé la pensée et le sang ; tandis que le jeu détournait pour un moment la fièvre qui eût envahi mon cœur et le reportait sur une passion dont l’intérêt me saisissait malgré moi, jusqu’à ce que sonnât l’heure où je devais me rendre auprès de ma maîtresse. Alors, et c’est à cela que je reconnaissais la violence de mon amour, que je gagnasse ou perdisse, je quittais impitoyablement la table, plaignant ceux que j’y laissais et qui n’allaient pas trouver comme moi le bonheur en la quittant.
Pour la plupart, le jeu était une nécessité ; pour moi, c’était un remède.
Guéri de Marguerite, j’étais guéri du jeu." (...) extrait du 16ème chapitre de la Dame aux Camélias.

"Tandis qu’à la campagne, au milieu de gens que nous n’avions jamais vus et qui ne s’occupaient pas de nous, au sein d’une nature toute parée de son printemps, ce pardon annuel, et séparée du bruit de la ville, je pouvais cacher mon amour et aimer sans honte et sans crainte.
La courtisane y disparaissait peu à peu. J’avais auprès de moi une femme jeune, belle, que j’aimais, dont j’étais aimé et qui s’appelait Marguerite : le passé n’avait plus de formes, l’avenir plus de nuages. Le soleil éclairait ma maîtresse comme il eût éclairé la plus chaste fiancée.
Nous nous promenions tous deux dans ces charmants endroits qui semblent faits exprès pour rappeler les vers de Lamartine ou chanter les mélodies de Scudo". (...)
extrait du 16ème chapitre de la Dame aux Camélias.

"Vous donner des détails sur notre nouvelle vie serait chose difficile. Elle se composait d’une série d’enfantillages charmants pour nous, mais insignifiants pour ceux à qui je les raconterais. Vous savez ce que c’est que d’aimer une femme, vous savez comment s’abrègent les journées, et avec quelle amoureuse paresse on se laisse porter au lendemain. Vous n’ignorez pas cet oubli de toutes choses, qui naît d’un amour violent, confiant et partagé. Tout être qui n’est pas la femme aimée semble un être inutile dans la création. On regrette d’avoir déjà jeté des parcelles de son cœur à d’autres femmes". (...)
extrait du 18ème chapitre de la Dame aux Camélias.

"Le souvenir de Marguerite me poursuivait sans cesse.
J’avais trop aimé et j’aimais trop cette femme pour qu’elle pût me devenir indifférente tout à coup. Il fallait surtout, quelque sentiment que j’eusse pour elle, que je la revisse, et cela tout de suite." (...)
extrait du 23ème chapitre de la Dame aux Camélias.

"L’histoire de Marguerite est une exception, je le répète ; mais si c’eût été une généralité, ce n’eût pas été la peine de l’écrire." (...)
extrait du 27ème chapitre de la Dame aux Camélias.
















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