LES AMOURS DE MONTAIGNE

Né le 28 février 1533 au château de Montaigne en Périgord, Michel Eyquem de Montaigne est issu d’une famille de négociants bordelais.

Elevé en nourrice dans le petit village voisin de Papassus, le jeune Michel Eyquem reçoit à son retour au château familial une éducation peu ordinaire : Réveillé chaque matin au son de l’épinette "afin de ne pas lui abîmer sa tendre cervelle", il apprend très tôt le latin qu’il parle couramment dès l’âge de sept ans, conversant tout naturellement avec les domestiques employés à Montaigne.
Scolarisé au collège de Guyenne à Bordeaux, il y brille rapidement par son aisance à pratiquer la discussion et la joute rhétorique, et par son goût pour le théâtre.

Au palais de l’Ombrière qu’il fait la connaissance d’Etienne de la Boétie, de trois ans son aîné, humaniste et poète, auteur du discours de la servitude volontaire, hymne véhément à la liberté civique.
Leur amitié profonde inspirera à Montaigne cette célèbre phrase ; "Parce que c’était lui, parce que c’était moi" (Essai I, 28).
La mort prématurée de la Boétie, emporté par la peste en 1563, met un terme tragique à cette noble affection, et laisse Montaigne dans une grande solitude que son mariage en 1565 avec Françoise de la Chassaigne, fille d’un de ses collègues au Parlement, ne viendra pas apaiser.
De cette union tendre et fidèle, "à la vieille françoise", naquirent six filles dont une seule, Eléonore, survécut.

Le 7 septembre 1581, une lettre de France l’informe de son élection à la mairie de Bordeaux.
Pressé par Henri III, il entreprend le voyage de retour. Bien que réélu à la fin de son mandat en 1583, sa charge ne l’accapare point et il continue la rédaction de ses Essais : Il publie en 1582 une seconde édition enrichie d’additions.
Nommé gentilhomme ordinaire de la chambre du roi de France en 1573, Montaigne a servi fidèlement Henri III.

Henri de Navarre, futur Henri IV vint même trouver Montaigne chez lui à deux reprises, à la recherche des sages conseils qu’il ne manquait pas de lui donner.
Le maître des lieux mettait alors à la disposition du futur roi et de sa suite le gîte et le couvert, et pour leur loisir, les deux hommes se lançaient à la chasse au cerf dans les bois du domaine.

A la mort d’Henri III, le Béarnais devenant alors le roi de France légitime, Montaigne lui témoigne son attachement.

Ses charges politiques ne l’empêchent pas d’écrire : A la fin de son second mandat, en 1585, il se remet à la tâche et prépare une nouvelle édition des Essais qu’il publie à Paris en 1588, additionnée d’un troisième tome.
C’est à cette occasion qu’il fait la connaissance d’une jeune fille originaire de Picardie, Marie Le Jars de Gournay, avec qui il se lie d’amitié ; une amitié faite de tendresse et d’admiration qui vient éclairer ses dernières années.
En effet, très affaibli par sa gravelle, il reste le plus souvent en sa librairie où il prépare une quatrième édition des Essais qui ne verra le jour qu’après sa mort, en 1595, grâce au travail de celle qu’il appelait sa "fille d’alliance", Marie de Gournay, qui en assura ainsi la postérité.

Montaigne vivait sous l’emprise d’un imaginaire sexuel aux funestes conséquences. Les femmes mariées l’envoûtaient et sa passion pour l’adultère l’entraînait sur les voies infernales de l’autodestruction. Montaigne regardait le monde en jouisseur. Tel un pantin, une marionnette, il était agité par le fil d’une sexualité obnubilée par des femmes mariées de haut rang. Et ses amours n’avaient rien de courtois! Sans retenue ni précaution, il s’expose, agit, au risque de se brûler.A une époque où l’adultère pouvait finir dans un bain de sang, La Boétie le met en garde, le presse de refroidir ses ardeurs.

Mort le 13 septembre 1592 au cours d'une messe, dans la ville de Bordeaux, Montaigne a eu une grande influence sur des écrivains de toutes époques, incluant René Descartes, Jean-Jacques Rousseau, Blaise Pascal, Friedrich Nietzsche, Emil Cioran et Stefan Zweig. Il est également l'oncle de Jeanne de Lestonnac qui fut canonisée en 1649. 


 
"Les plaisirs de l'amour sont les seuls plaisir de la vie corporelle" Michel de Montaigne





"Si  haut que l'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul". Michel de Montaigne

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