VOLTAIRE ET SES COURTISANES
Portrait de Voltaire par Nicolas de Largillière
François-Marie Arouet, dit Voltaire, né le 21 novembre 1694 à Paris, ville où il est mort le 30 mai 1778 (à 83 ans), est un écrivain et philosophe français qui a marqué le XVIIIe siècle et qui occupe une place particulière dans la mémoire collective française et internationale.
François-Marie est élevé chez les Jésuites et il se révèle vite un élève brillant. L'influence exercée par les membres de la Compagnie de Jésus sur l'esprit de Voltaire se vérifie à sa prodigieuse maîtrise de la rhétorique, à son goût de la discussion et il y tisse de précieux liens d'amitié très utiles toute sa vie.
Parallèlement, il est introduit dans les milieux mondains par son parrain, l'abbé de Châteauneuf qui le présente même à la célèbre courtisane, Ninon de Lenclos. Ainsi, dès l'âge de vingt ans, Voltaire fréquente les salons parisiens et s'adonne à une littérature mondaine sinon légère.
Voltaire et Émilie allaient à l'opéra, soupaient dans les meilleurs restaurants et se présentaient ensemble aux audiences royales. L'affichage d'une relation était normalement considéré comme incorrect et la société parisienne était parfois choquée de voir à quel point ils oubliaient les règles de la bienséance. Émilie et Voltaire n'en avaient cure. Ces règles étaient pour les autres et ils s'aimaient.
Portrait de Voltaire par Nicolas de Largillière
Lettre de Voltaire à Madame Denis
Décembre 1745
extrait :
"
Je ne sais pas encore quand mes affaires me permettront de quitter un pays que j’abhorre. La cour, le monde, les grands m’ennuient. Je ne serai heureux que quand je pourrai vivre avec vous.
extrait :
"
Je ne sais pas encore quand mes affaires me permettront de quitter un pays que j’abhorre. La cour, le monde, les grands m’ennuient. Je ne serai heureux que quand je pourrai vivre avec vous.
Votre société et une meilleure santé me
rendraient heureux. Je vous embrasse mille fois. Mon âme embrasse la
vôtre, mon vit et mon cœur sont amoureux de vous. J’embrasse votre
gentil cul et votre adorable personne."
Le diner des philosophes à Ferney en 1772 : Condorcet à gauche, Voltaire au centre et Diderot à droite.
Lettre de Voltaire à sa nièce
[Vers le 15 octobre 1746]
"La femme coquette est l'agrément des autres, et le mal de qui la possède."Citation de Voltaire ; Les épîtres, LXXXVII (1748)
Polissonnerie
Je cherche un petit bois touffu,
Que vous portez, Aminthe,
Qui couvre, s’il n’est pas tondu
Un gentil labyrinthe.
Tous les mois, on voit quelques fleurs
Colorer le rivage ;
Laissez-moi verser quelques pleurs
Dans ce joli bocage.
– Allez, monsieur, porter vos pleurs
Sur un autre rivage ;
Vous pourriez bien gâter les fleurs
De mon joli bocage ;
Car, si vous pleuriez tout de bon,
Des pleurs comme les vôtres
Pourraient, dans une autre saison,
M’en faire verser d’autres.
– Quoi ! vous craignez l’évènement
De l’amoureux mystère ;
Vous ne savez donc pas comment
On agit à Cythère ;
L’amant, modérant sa raison,
Dans cette aimable guerre,
Sait bien arroser la gazon
Sans imbiber la terre.
– Je voudrais bien, mon cher amant,
Hasarder pour vous plaire ;
Mais dans ce fortuné moment
On ne se connait guère.
L’amour maîtrisant vos désirs,
Vous ne seriez plus maître
De retrancher de nos plaisirs
Ce qui vous donna l’être.
Voltaire
À la marquise du Châtelet
Ainsi donc cent beautés nouvelles
Vont fixer vos brillants esprits
Vous renoncez aux étincelles,
Aux feux follets de mes écrits
Pour des lumières immortelles ;
Et le sublime Maupertuis
Vient éclipser mes bagatelles.
Je n’en suis fâché ni surpris ;
Un esprit vrai doit être épris
Pour des vérités éternelles :
Mais ces vérités que sont-elles ?
Quel est leur usage et leur prix ?
Du vrai savant que je chéris
La raison ferme et lumineuse
Vous montrera les cieux décrits,
Et d’une main audacieuse
Vous dévoilera les replis
De la nature ténébreuse :
Mais, sans le secret d’être heureuse,
Il ne vous aura rien appris.
Voltaire, Épîtres, stances et odes
A Mme du Châtelet
Voltaire
» Si vous voulez que j’aime encore,
Rendez-moi l’âge des amours ;
Au crépuscule de mes jours
Rejoignez, s’il se peut, l’aurore.
Des beaux lieux où le dieu du vin
Avec l’Amour tient son empire,
Le Temps, qui me prend par la main,
M’avertit que je me retire.
De son inflexible rigueur
Tirons au moins quelque avantage.
Qui n’a pas l’esprit de son âge,
De son âge a tout le malheur.
Laissons à la belle jeunesse
Ses folâtres emportements.
Nous ne vivons que deux moments :
Qu’il en soit un pour la sagesse.
Quoi ! pour toujours vous me fuyez,
Tendresse, illusion, folie,
Dons du ciel, qui me consoliez
Des amertumes de la vie !
On meurt deux fois, je le vois bien :
Cesser d’aimer et d’être aimable,
C’est une mort insupportable ;
Cesser de vivre, ce n’est rien. «
Ainsi je déplorais la perte
Des erreurs de mes premiers ans ;
Et mon âme, aux désirs ouverte,
Regrettait ses égarements.
Du ciel alors daignant descendre,
L’Amitié vint à mon secours ;
Elle était peut-être aussi tendre,
Mais moins vive que les Amours.
Touché de sa beauté nouvelle,
Et de sa lumière éclairé,
Je la suivis; mais je pleurai
De ne pouvoir plus suivre qu’elle.
Voltaire (François Marie Arouet)
À Mademoiselle Le Couvreur
Voltaire